Les concepts d’empowerment en français « autonomisa-tion » ou « émancipation » et de gendermainstreaming, « intégration transversale du genre » ont également été enté-rinés par les Etats membres des Nations Unies lors de la Confé-rence de Pékin de 1995. Empowerment Le concept « d’empowerment », « empoderamiento » ou autonomi-sation/émancipation en français apparaît aux Etats-Unis dans les années 60-70 avec le radicalisme noir américain, il est également utilisé dans le travail communautaire de « conscientisation » mené par Paolo Freire au Brésil. Il est ensuite repris par les féministes latino-américaines, africaines puis européennes. Le concept d’au-tonomisation se retrouve également dans la notion de « capabilité » développée par Amartya Sen49. L’empowerment désigne un processus de conscientisation et de déconstruction qui permet d’acquérir la capacité d’agir sur sa pro-pre vie et sur son environnement, sa communauté ou la société. Il désigne la capacité d’agir de façon autonome, la capacité à faire des choix et celle de promouvoir des changements autour de soi dans la société par exemple. Ce concept est particulièrement pertinent lorsque l’on travaille sur le genre car il permet d’inscrire son action dans une logique d’émancipation et d'accès au pouvoir pour les femmes qui font face à des discriminations à la fois dans l’accès aux savoirs, le contrôle des ressources économiques et productives tels que les crédits, les terres et les technologies et la participation aux espac-es de décision mais aussi face aux décisions relatives à leur corps, dans le choix d’utiliser un moyen de contraception, de se marier, d’être soignées ou d’avorter. L’intégration transversale du genre Le concept d’intégration transversale du genre vise à placer les enjeux relatifs à la lutte contre les inégalités femmes-hommes et à l’autonomisation des femmes au cœur d’un projet de dévelop-pement dans le but d’atteindre des changements durables et de multiplier les impacts du projet. Pour ce faire, les questions sur le genre doivent être posées à toutes les étapes de l’élaboration, de la mise en œuvre et du sui-vi-évaluation d’un projet de développement. Il s’agit : de faire un état des lieux des inégalités entre femmes et hommes, filles et garçons, susceptibles d'exister et de savoir les analyser grâce à l’utilisation de statistiques désagrégées par sexe, de proposer des activités qui permettent de questionner et de corriger les inégalités et de promouvoir l’égal accès des femmes aux ressources, aux opportunités et aux décisions pour qu’à terme les femmes et les hommes bénéficient également des im-pacts du projet, d’utiliser des indicateurs de suivi qui permettent de connaître les situations des femmes et des hommes et d’évaluer la réduction des inégalités entre femmes et hommes, de proposer un budget qui finance des activités bénéficiant également aux femmes et aux hommes. 49 Notion de capabilité de A Sen : Pour Sen, les inégalités entre les individus ne s’apprécient pas au regard de leurs seules dotations en ressources mais de leurs capacités à les convertir en libertés réelles. Il introduit ainsi la notion de « capabilité », qui invite à considérer la pauvreté au-delà des seuls aspects monétaires et à la penser en termes de libertés d’action, de capacités à faire. Les statistiques désagrégées par sexe ou sexo-spécifiques permettent de connaître la situation des femmes et hommes, des filles et des garçons de façon spécifique. Elles permettent d’objectiver les inégalités entre femmes et hommes et entre filles et garçons. Par exemple, non désagrégées : « 20% des enfants sont déscolarisés ». Ne permet pas de con-naître les situations spécifiques des filles et des garçons. désagrégées par sexe : « 20% des enfants sont déscolarisés, dont 40% de garçons et 60% de filles ». Permet de savoir que les filles sont plus concernées par le problème et donc de chercher les causes dans les rapports de genre. 17 2. Empowerment et intégration transversale du genre dans un projet Empowerment L’intégration transversale du genre